Ça devient franchement ridicule. Il n’y a plus moyen de consulter un fil d’actualité ni de regarder ou d’écouter un journal sans avoir droit à une tirade anti-Trump. Depuis sa réélection, la caste médiatique belge ou française n’a de cesse de fustiger les moindres faits et gestes du président américain. Quand ce n’est pas lui, c’est son Ministre de la Santé, Robert Kennedy, qui est pris pour cible au motif qu’il serait « antivax » et « contre la science ». Ah bon ? N’est-ce pas lui qui vient pourtant d’obliger les fabricants de vaccins et de médicaments à tester leurs produits contre de vrais placebos, renouant ainsi avec la méthode scientifique et empêchant les industriels de camoufler les effets secondaires de leurs potions toxiques ? N’est-ce pas lui qui vient de prendre la courageuse décision d’interdire les colorants pétrochimiques dans l’alimentation ?
Les médias subsidiés sont tellement occupés à taper sur Donald Trump et son administration qu’ils passent sous silence des informations scientifiques majeures en provenance d’Amérique. Ainsi, il y a quelques semaines, ils ont omis de signaler, ou à peine évoqué, la sortie d’un article retentissant qui pourrait chambouler notre façon de manger et, par extension, bouleverser les politiques de santé publique partout dans le monde. Publié dans la prestigieuse revue Nutrients et co-signé par 24 auteurs en grande majorité étasuniens (médecins cliniciens, nutritionnistes, diabétologues, chercheurs spécialistes du métabolisme…), cet article propose ni plus ni moins de remplacer la pyramide alimentaire classique et de renouveler les recommandations diététiques données à la population.
Un renversement complet
La pyramide alimentaire traditionnelle, tout le monde la connaît et l’a plus ou moins en tête. Une fois n’est pas coutume, l’encyclopédie Wikipedia en fait une présentation historique honnête et n’oublie pas de préciser qu’elle a été inventée à l’origine au sein du ministère américain de l’agriculture. En 1992, les États-Unis croulaient sous leurs excédents de blé et de maïs et c’est sous l’influence des puissants lobbys céréaliers qu’a été conçue cette pyramide privilégiant les céréales et recommandant d’en faire la base de l’alimentation quotidienne.
L’édifice a été actualisé en 2005 et simplifié en 2011 par une assiette divisée en quatre mais la philosophie reste globalement la même : prépondérance accordée aux « grains » (pain, pâtes, céréales du petit-déjeuner…) et aux autres sources de glucides (fruits et légumes). La part des protides demeure modeste et celle des lipides reste marginale car les graisses sont diabolisées.
Maintenant, observez ci-dessous la nouvelle pyramide que l’article de Nutrients propose d’adopter. L’édifice est pour ainsi dire renversé et ce sont les sources de protéines et de graisses qui investissent le vaste rez-de-chaussée tandis que les hydrates de carbone, autrement dit toutes les sources de sucre, occupent les étroits étages supérieurs. Les aliments à base de céréales et les légumineuses (pois, fèves, lentilles…) sont carrément expulsés de ce nouveau modèle pyramidal !
Une assiette décarbonée
Dans ce nouveau paradigme nutritionnel, l’objectif est de réduire drastiquement les apports glucidiques, c’est pourquoi les auteurs qualifient leur modèle de « low carb ». Les végétaux préconisés sont les moins sucrés et les plus pauvres en amidon. La nouvelle pyramide est également qualifiée de « ketogenic » (cétogène), ce qui veut dire qu’elle privilégie le mécanisme de cétose par lequel l’organisme fabrique son propre glucose à partir des graisses et des protéines. Dans un tel régime, la proportion d’hydrates de carbone n’excède pas 50 grammes par jour, ce qui est 5 à 10 fois inférieur à la quantité officiellement conseillée.
Aux États-Unis, les critiques ont immédiatement fusé et les détracteurs ont objecté que cette façon de manger devrait être réservée aux personnes souffrant de maladies métaboliques, obèses et/ou diabétiques. Ses défenseurs ont rétorqué qu’aujourd’hui, 88 % des Américains sont affligés de tels troubles de santé et que cette « unhealthy America » exporte malheureusement ses maux sur le reste du globe. Pour Nina Teicholz, auteure principale de l’article, les pathologies chroniques sont la triste rançon de l’actuelle pyramide et il serait opportun de la raser pour décarboner les assiettes.
La science prouve et approuve
Of course, cette perspective risque d’affoler l’industrie agro-alimentaire et de susciter de vives résistances chez les « experts » qu’elle stipendie. Avant d’être démontée et remplacée, la pyramide conventionnelle va probablement rester debout encore un certain temps. Mais elle s’écroulera sûrement un jour puisque la science va dans le bon sens et que l’approche « low carb » est amplement validée. En fait, ça fait plusieurs décennies que les vertus d’une alimentation hypoglucidique et réhabilitant les (bonnes) graisses sont reconnues.
Chronologiquement, c’est le traitement de l’épilepsie qui a initié l’intérêt pour la diète cétogène : depuis plus d’un siècle, on sait qu’elle permet d’espacer les crises et de diminuer leur sévérité. De fil en aiguille, des études ont montré que cette manière de s’alimenter améliore nombre de maladies à composante neurologique comme la sclérose en plaques ou la dépression. Les corps cétoniques, c’est-à-dire le glucose de remplacement sécrété dans le foie en période de jeûne ou au cours d’un exercice physique intense, sont également produits en cas de restriction glucidique, or ils ont un effet neuroprotecteur et favorisent la neurotransmission. Cela profite au cerveau, au système nerveux, ainsi qu’aux muscles.
C’est cependant dans la médecine du diabète que le régime « kéto » a fait une percée décisive : il existe à présent des centaines d’études montrant que son adoption permet aux diabétiques de type 2 de réguler leur glycémie, et même aux diabétiques de type 1 de retrouver une fonction pancréatique et de diminuer leurs doses d’insuline. Avant la découverte et la synthèse de cette hormone, les médecins incitaient déjà leurs patients à fuir les sucres ; on redécouvre aujourd’hui la pertinence de cette prescription de bon sens. De part et d’autre de l’Atlantique, les grandes associations de diabétologie admettent désormais que le « low-carb » est particulièrement indiqué pour ce type de pathologie.
Et comme ce qui soigne le diabète permet aussi de l’éviter, ce mode d’alimentation convainc de plus en plus de médecins pratiquant la médecine fonctionnelle et il commence à devenir à la mode. L’article scientifique mentionne aussi ses avantages pour enrayer le surpoids, diminuer la tension artérielle, améliorer le profil lipidique et réduire le risque de maladie cardiovasculaire, et tout cela sans nuire à la fonction rénale ni augmenter le risque d’infarctus ou de calculs biliaires, contrairement à ce que les adversaires de la méthode ont longtemps prétendu. Selon ChatGPT, à qui j’ai posé la question, des études sont également en cours pour vérifier que la diète cétogène protège des maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson), de l’acné et de certains cancers.
La revue Néosanté avait vu juste
Non sans fierté, je constate au passage que l’intelligence artificielle et le papier de Nutrients confortent la ligne éditoriale de la revue Néosanté. Comme ses fidèles abonnés le savent, ce mensuel ne s’est pas uniquement focalisé sur la psychosomatique et le décodage biologique des maladies. Dès sa création il y a 14 ans, j’ai voulu qu’il traite aussi des facteurs naturels de santé physique. Pas de « mens sana » sans « corpore sano » et pas de corps sain sans une alimentation saine et équilibrée.
Encore faut-il préciser ce qu’on entend par là. Depuis le départ, nous avons été clairs dans nos choix et nous avons pris fait et cause pour l’alimentation de type paléolithique. Selon cette approche, le génome humain n’a guère varié depuis les temps préhistoriques et il demeure largement inadapté aux aliments issus de l’agriculture, c’est-à-dire les produits laitiers et céréaliers. Pour se maintenir en santé, il faudrait donc continuer à consommer ce que nos lointains ancêtres cueilleurs-chasseurs-pêcheurs prélevaient à l’état brut dans la nature. Sous l’appellation de « régime ancestral » ou de « régime originel », cette manière de manger a été popularisée en France par le Dr Jean Seignalet, auteur du livre à succès « L’alimentation ou la troisième médecine ».
Entre le régime paléo et le régime kéto, les différences sont minces. Dans leurs rubriques respectives de Néosanté, le consultant-naturopathe Jean-Brice Thivent (rubrique « Avantage Nature ») et le coach nutritionnel Yves Patte (rubrique « Modèle paléo ») ont d’ailleurs souvent souligné les similitudes et convergences entre les deux méthodes, notamment la place accordée aux protéines et graisses animales et la part restreinte dévolue aux glucides. Comme nos deux collaborateurs l’ont régulièrement rappelé et continuent à le faire, toutes les peuplades primitives mangeaient « low carb » avant de se sédentariser et de « s’agricoliser ». Par exemple, les Inuits mangeaient presque exclusivement de la viande et du poisson avant de découvrir l’alimentation occidentale moderne… et la maladie coronarienne.
De mon côté, je rédigeais chaque mois la rubrique « Nutri-infos » dans Néosanté, laquelle rubrique faisait (et fait toujours) écho aux plus récentes recherches et découvertes dans le domaine de la nutrition. J’y ai cité maintes études favorables aux diètes paléolithique ou cétogène et je suis aujourd’hui fort aise de les avoir mises en exergue. À ma modeste échelle, j’aurai apporté ma petite pierre à la construction de la nouvelle pyramide alimentaire révolutionnaire…
Expérience personnelle concluante
Cela ne signifie pas que je l’applique rigoureusement dans ma vie personnelle. Comme je travaille intellectuellement et que le cerveau est très friand de glucose, j’éprouve toujours le besoin de me booster le matin avec un smoothie de fruits et de m’autoriser l’un ou l’autre encas sucrés en cours de journée (fruit, chocolat noir, massepain, friandise à la noix de coco…). Si je devais me passer de ma bière artisanale vespérale et de mes deux verres de vin quotidiens, je serais également bien malheureux. Néanmoins, je peux dire que ma façon de manger se rapproche sensiblement du modèle paléo-kéto. Depuis deux ans environ, je ne mange plus jamais de pain (même sans gluten), j’ai quasiment évacué toutes les céréales et tous les féculents de mon assiette et mes repas du midi et du soir sont presque exclusivement composés de protéines et de graisses, à l’exception de quelques rations de légumes de saison.
Résultat ? Largement positif. La satiété est au rendez-vous, ma ligne de jeune homme tient le coup et ma condition physique fait toujours des jaloux sur les terrains de foot ou de tennis. Depuis que j’ai drastiquement diminué les glucides, j’ai paradoxalement pris 2 kilos mais je n’ai pas pris un gramme de graisse abdominale et mon ventre reste parfaitement plat. Comme je ne pense pas avoir gagné en muscle, j’en déduis que mon microbiote intestinal s’est enrichi et/ou que ma densité minérale osseuse a progressé. En toute hypothèse, l’article de Nutrients indique que le régime kéto influe positivement sur la composition tissulaire du corps et sur ses performances. Évidemment, je ne peux pas détailler ce que ma forme satisfaisante doit à mes nouvelles habitudes alimentaires et ce qui découle de mes pratiques sportives régulières et de mes rituels respiratoires et gymniques. Quoi qu’il en soit, le bénéfice est là et je porte plutôt bien mes 65 balais. Même mon chien semble plus fatigué que moi en rentrant de nos promenades journalières…
Est-ce à dire que mon état de santé est optimal ? Je ne pourrais pas le jurer puisque je n’ai pas de médecin traitant et que je ne fais jamais d’examens. Si ça se trouve, mon cholestérol est peut-être hors de contrôle, mes artères complètement bouchées et mon cœur au bord de la défaillance fatale. Je n’en sais rien et je m’en contrefiche. L’avantage de fuir les médecins, c’est qu’on ne se soucie nullement du lendemain et qu’on peut jouir pleinement du présent. Vu que le mode de vie cétogène invite à ne plus ostraciser les graisses saturées, je peux vous confier que je ne boude pas mon plaisir et que j’en consomme sans me priver. Je cuisine au beurre de ferme, j’apprécie les huiles tropicales (palme, coco), je raffole des viandes grasses bio (guanciale, pancetta, lard pas maigre …), je peux me gaver de rillettes et je ne lésine pas sur les œufs de poules de mes voisines qui courent dans l’herbe (les poules, pas mes voisines).
Les graisses saturées en voie de réhabilitation
Cet épicurisme graisseux débridé n’a cependant rien de suicidaire. Depuis que je m’intéresse à l’alimentation, j’ai saisi que le procès fait au cholestérol et aux gras saturés était mauvais. Comme le premier, ces derniers mériteraient d’être exonérés des maux qu’on leur impute. Dans l’article de Nutrients, les 24 scientifiques brisent le tabou et révèlent que la restriction en graisses saturées n’a jamais eu d’impact sur le taux de maladies cardiovasculaires ni sur la mortalité globale. Et c’est bien normal puisque d’autres études référencées ont montré que l’augmentation de la consommation de graisses saturées (jusqu’à tripler la quantité) n’avait aucun effet sur la présence d’acide gras saturés dans le sang, voire la diminuait ! Signe de la réhabilitation des lipides honnis, le site LaNutrition.fr vient de se mettre à jour et de concéder que « les études récentes ne trouvent pas de lien clair entre leur consommation et le risque de maladies cardiovasculaires ». Il recommande maintenant que les graisses saturées représentent un tiers des graisses consommées. Bref, les feux rouges sont en train de repasser au vert pour cette catégorie de gras hautement cétogéniques. La nouvelle pyramide peut s’ériger et la révolution alimentaire peut démarrer !
Yves Rasir