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Elle a arrêté la pilule

By 4 octobre 2017septembre 19th, 2024No Comments

Bonne nouvelle : ma jeune assistante Siham, employée polyvalente qui fait un peu de tout ici (secrétariat, téléphonie, infographie, webmastering, gestion des abonnements à la revue, expédition des livres…) va épouser l’élu de son cœur samedi prochain. Mauvaise nouvelle pour moi : elle va prendre 8 jours de congés pour se préparer à la fête et convoler après les noces. Comme c’est elle qui s’occupe également de mettre en page et d’expédier les newsletters, j’ai préparé à l’avance celle d’aujourd’hui et de mercredi prochain. Et comme nous devions également boucler le Néosanté d’octobre, je n’avais pas vraiment le temps de vous écrire quelque chose. En guise de lettre hebdomadaire, je vous propose cette semaine un extrait de l’interview que nous allons publier dans le mensuel du mois prochain.  Nous avons rencontré Sabrina Debusquat,  une jeune journaliste et blogueuse française, qui vient d’éditer le livre « J’arrête la pilule », aux éditions Les Liens qui libèrent. Fruit d’une année d’enquête, ce bouquin va certainement secouer le cocotier car il lève les tabous sur la pilule contraceptive et sur les alternatives naturelles à la contraception orale. Pour vous donner une idée, voici un extrait de la quatrième page de couverture : « Depuis quinze ans, les femmes se détournent de plus en plus de la pilule, lassées de subir les effets secondaires de ce médicament puissant : dépression, baisse de libido, migraines… Face à cette désaffection, certains crient au retour en arrière. Pourtant, il devient difficile de fermer  les yeux sur les effets de la contraception hormonale : produit cancérigène de première catégorie, perturbateur endocrinien et véritable castration chimique, ses effets sur les femmes, leurs enfants et l’environnement sont extrêmement préoccupants. » Cet ouvrage d’investigation est riche en révélations sur ce scandale sanitaire majeur qui concerne 4,5 millions de femme en France. À la croisée de l’histoire, des sciences et du féminisme, il va bousculer les certitudes et sans doute inciter beaucoup d’utilisatrices de la pilule à repenser leurs habitudes contraceptives. Ci-dessous, voici les 5 premières questions posées à Sabrina Debusquat par notre journaliste Pryska Ducoeurjoly. La suite de cette interview-choc dans notre mensuel….

Yves Rasir

Pour la rédaction de « J’arrête la pilule » vous avez effectué un important sondage en ligne auprès de 3616 femmes francophones. Quelles révélations sur les effets secondaires de la pilule apporte-t-il ?
Première surprise : lorsqu’on demande aux femmes pourquoi elles ont arrêté la pilule, elles déclarent à 51 % que c’est à cause des effets secondaires pénibles au quotidien. Mon sondage fait aussi ressortir que 70 % des femmes ont ressenti des effets secondaires négatifs. Cela montre un important décalage entre le discours des femmes et le discours médico-scientifique qui aurait tendance à laisser penser que les effets secondaires de la pilule sont extrêmement mineurs ou peu répandus. Comme personne n’avait jamais vraiment demandé aux femmes leur avis sur la pilule, je suis allée chercher cette information moi-même. Même si ce sondage n’a pas été réalisé par un institut de sondage selon la fameuse méthode des quotas, il est intéressant de noter que plusieurs de ses résultats corrèlent avec ceux d’autres sondages d’institut ou des études de l’INSERM. D’après mon sondage, la première raison de l’arrêt de la pilule est ses effets secondaires bénins mais pénibles au quotidien, suivi du souci de préserver sa santé puis du refus de prendre un médicament alors que l’on est en bonne santé. Un sondage IFOP réalisé par ELLE en septembre 2017, montre que 75 % des sondées estiment également que la pilule peut provoquer des problèmes de santé. On constate donc clairement que la vision et l’expérience qu’ont les femmes de la pilule diffère plutôt du discours dominant. C’est la volonté de comprendre ce fort décalage qui  a impulsé mon enquête.

Dans votre livre, vous n’hésitez pas à employer l’expression de « castration chimique ». N’est-ce pas un peu fort ?
C’est un terme qu’emploient d’éminents experts de la pilule ! J’ai été interpellée par cette affirmation et j’ai voulu en savoir plus. Il se trouve qu’il y a au moins six mécanismes corporels différents qui touchent à la libido et qu’impactent les hormones de la pilule. Le principe de la castration chimique, dans le cas des délinquants sexuels, c’est de diminuer l’hormone principale du plaisir, qui est la testostérone chez l’homme comme chez la femme. Or, la pilule peut diminuer jusqu’à 50 % la production de testostérone. Par ailleurs, en supprimant le pic d’œstrogènes pré-ovulatoire, en baissant le taux de testostérone et en imprégnant en permanence le corps de fausse progestérone, la pilule raréfie les deux principales hormones du désir chez la femme et augmente en continu la seule qui contribue à le diminuer. D’autres études récentes montrent aussi que la pilule impacte la vascularisation du clitoris, organe du plaisir féminin. Enfin, les molécules contenues dans certaines pilules sont exactement les mêmes molécules utilisées pour castrer chimiquement les délinquants sexuels. D’ailleurs, dans le sondage que j’ai réalisé, la baisse de libido est le premier effet secondaire le plus couramment ressenti par les femmes sous pilule (46 % du total des femmes). C’est beaucoup plus que ne le disent les notices des laboratoires où ce problème est classé parmi les « effets secondaires peu fréquents ». Un décalage encore une fois assez étrange !

Outre les effets secondaires de la pilule dits bénins, mais qui, vous le rappelez, gâchent parfois la vie quotidienne des femmes et des couples, vous avancez des chiffres édifiants concernant les décès.
Effectivement, peu de gens en sont conscients mais aujourd’hui en France, en comptabilisant uniquement les accidents thromboemboliques, 2 529 Françaises subissent chaque année un problème de santé grave à cause de la pilule œstroprogestative, 20 en meurent. Chaque jour, sept seront hospitalisées à la suite d’un AVC, d’une embolie ou une phlébite. Concernant le cancer du sein, 1 à 2 femmes sur chaque tranche de 10  000 femmes prenant la pilule œstroprogestative développerait un cancer du sein causé par la pilule œstroprogestative soit 405 à 810 d’entre elles. Le taux de mortalité pour ce cancer étant de 30 %, cela représente 121 à 243 décès. Mais certains spécialistes pointent du doigt un faisceau de faits nombreux qui tendent à montrer que le potentiel cancérigène de la pilule est probablement plus élevé que ce que l’on annonce officiellement aujourd’hui. Le problème de fond, c’est que ces femmes étaient initialement en parfaite santé et qu’elles auraient pu avoir d’autres solutions à leur disposition si on les leur avait présentées. Ces décès et ces souffrances pourraient être évités.

Les chiffres des effets secondaires ne devraient-ils pas être revus à la hausse si on tient compte de la sous-notification en matière de pharmacovigilance ?
C’est plus que probable ! La pharmacovigilance qui permet d’estimer les effets réels d’un médicament est particulièrement mal réalisée, notamment en France. En ce qui concerne la pilule, de nombreuses patientes soignent elles-mêmes certains effets « bénins » sans en parler à leur médecin et ces effets ne sont jamais rapportés. Des décès, dus à un AVC ou une embolie, peuvent passer inaperçus et sont classés comme naturels ou inexpliquées. Enfin, des femmes dont la phlébite ou l’embolie est causée par la pilule ne sont pas officiellement signalées aux autorités. Il est très long et pénible pour les médecins de rédiger ces rapports, par conséquent de nombreux cas ne sont pas remontés. Quand bien même ces informations remonteraient, nous n’allouons pas assez de moyens aux administrations qui doivent les classer. Une source interne à l’ANSM (Agence française du médicament) m’a décrit comment, faute de personnel, les centres régionaux de pharmacovigilance se contentent souvent d’archiver ces dossiers sans les exploiter…

Vous rappelez que la pilule est un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’elle contient des molécules susceptibles de perturber un fonctionnement hormonal. N’est-ce pas un secret de polichinelle ?
De toute évidence ! Tous les toxicologues, spécialistes de ce type de molécules, vous le diront. Toutes les études qui analysent la pollution des cours d’eau par les médicaments mentionnent les résidus d’hormones de synthèse comme des perturbateurs endocriniens. Leurs effets sur la faune sont ravageurs. En revanche, quand la même molécule est administrée aux femmes comme médicament, plus personne n’emploie le terme de “perturbateur endocrinien” ! Pour les spécialistes, c’est une évidence mais ce qui est étonnant c’est de constater que ce qui semble néfaste pour l’ensemble de l’humanité ne le serait pas pour le corps des femmes. Pour comparaison, une des molécules principales de la pilule: l’éthinylestradiol alias EE2 (l’œstrogène synthétique contenu dans la pilule que prennent la plupart des femmes) est mille fois plus puissant que le bisphénol A, perturbateur endocrinien que nous avons récemment interdit dans les biberons et boîtes de conserves. C’est l’œstrogène synthétique le plus puissant derrière le distilbène, qui a fait les dégâts que l’on sait. Pourquoi considérer qu’une molécule peut-être néfaste pour l’ensemble des êtres humains et parallèlement exposer les femmes à des molécules mille fois plus puissantes en disant qu’il n’y a aucun problème ? Les autres composants de la pilule, les progestatifs, sont aussi des perturbateurs endocriniens. Et ils décuplent l’action de l’EE2 quand ils y sont associés. Avec les perturbateurs endocriniens, la dose ne fait pas le poison : de nombreux perturbateurs endocriniens sont beaucoup plus actifs à très faible et très forte dose qu’à moyenne dose. Malgré les connaissances scientifiques actuelles, la loi française a décidé de considérer l’EE2 comme une substance « non dangereuse » en matière de pollution des eaux souterraines. Le plus déplorable dans tout ça, comme l’explique une toxicologue interviewée dans mon livre, c’est que l’on s’est plus inquiété des effets perturbateurs endocriniens des hormones de la pilule chez les poissons et sur le traitement de leurs rejets en stations d’épuration que sur le corps des femmes pour lequel on traîne à donner des réponses claires… Les premières à ingérer ces molécules aux effets parfois effrayants sont les femmes, or leur corps abrite ensuite le fœtus lors de la grossesse et cela pose des questions. Notamment quand on sait que d’éminents spécialistes du sujet disent clairement que la baisse de la fertilité et l’augmentation des malformations congénitales chez les mâles humains ressemblent étrangement à celles observées chez les poissons exposés aux œstrogènes synthétiques de la pilule.

(à suivre dans le n° 71 de Néosanté)

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