Skip to main content
nutrition saineRégime paléo

LE SOJA ? Pas si bon que ça … (II)

By 1 novembre 2013avril 25th, 2023One Comment

Deuxième volet consacré au soja. Le premier donnait un aperçu général du caractère industriel et inflammatoire du soja, tel que nous le consommons principalement aujourd’hui. Rentrons maintenant plus précisément dans ce qui compose le soja, et les réactions que cela peut provoquer dans notre corps.

Le soja contient des phyto-oestrogènes sous forme d’ isoflavones (une sorte de flavonoïde). Ces phyto-oestrogènes sont identiques, au niveau de leur structure, à certains oestrogènes humains. Et ils peuvent avoir, selon les circonstances, des effets stimulateurs ou inhibiteurs des oestrogènes humains, cela dépend des circonstances. Ce qui suffit à susciter des polémiques sur les bienfaits ou les méfaits des phyto-oestrogènes présents dans le soja(1) . Parmi les différents isoflavones, certains peuvent être assimilés par le corps. C’est le cas de la daidzéine et de la génistéine, métabolisés dans l’intestin. La daidzéine est ainsi métabolisées en équol. Mais cela ne se fait pas chez tous les êtres humains de la même manière.(2) En fait, nous ne serions que 30 à 50 % à pouvoir métaboliser la dazéine en équol (3), et c’est cela qui expliquerait les études tellement contradictoires sur les phyto-oestrogènes dans l’alimentation(4). Même le caractère antioxydant de la génistéine fait l’objet de résultats contradictoires, ce qui laisse supposer que cela peut varier d’un individu à l’autre. (5)

Troubles hormonaux

Le fait que les phyto-oestrogènes puissent être des perturbateurs endocriniens a amené de nombreuses études sur les liens entre phyto-oestrogènes et certains troubles hormonaux, chez les humains et les animaux. Des études montrent ainsi que des moutons consommant une végétation riche en phyto-oestrogènes montrent des signes d’infertilité et de problèmes de reproduction. (6) En 1987, une étude sur des guépards en zoo montrait qu’une alimentation riche en soja produisait chez eux une baisse de la fertilité.(7) Au niveau humain, les recherches évoluent, depuis 20 ans, entre des preuves de légères perturbations endocriniennes et des résultats plutôt rassurants sur l’impact de ces perturbations sur la santé générale. Comme dans cette recherche montrant une période de menstruation plus longue et plus inconfortable chez un groupe-test de femmes nourries au soja, sans que cela ne résulte en troubles reproducteurs(8). En 2011, une étude parue dans la revue Nutrition a pourtant montré l’impact négatif d’une alimentation vegan basée sur le soja, sur le taux de testostérone dans le sang(9). Cela montre, selon les auteurs, l’impact des isoflavones sur la régulation des hormones sexuelles.
Mais on voit aussi un impact d’un régime végétarien sur le développement des organes sexuels du fœtus mâle. En 2000, des chercheurs montraient que des mères ayant eu un régime végétarien durant leur grossesse avaient un risque plus élevé d’avoir un garçon atteint d’hypospadias, un défaut du pénis à la naissance. Les auteurs pointaient clairement du doigt les phyto-oestrogènes présents dans le soja que consommaient ces mères végétariennes, tout en n’excluant pas que d’autres perturbateurs endocriniens puissent être en cause, comme les pesticides présents sur les légumes.(10)

Impact sur la thyroïde

D’autres recherches concernent l’impact des phyto-oestrogènes sur la thyroïde(11). Le soja contient de forts taux de « goitrogènes », des substances qui inhibent la capacité de la thyroïde à utiliser correctement l’iode, ce qui peut amener des problèmes d’hypothyroïdie, c’est-à-dire que tout le métabolisme ralentit, provoquant manque d’énergie et déficience immunitaire. La daidzéine et la génistéine du soja inhibent la thyroperoxydase qui catalyse la biosynthèse des hormones thyroïdiennes.(12) En 2006, la revue spécialisée sur le sujet(13) rappelait, malgré des résultats assez minimes sur l’impact de la consommation de soja sur les fonctions thyroïdiennes, que celles et ceux qui sont atteints d’hypothyroïdie devraient éviter la consommation de soja. Et celles et ceux qui en consomment devaient vérifier leur apport en iode. Cela expliquerait qu’une alimentation riche en iode peut contrebalancer une alimentation riche en soja, et que les résultats des effets du soja sur la santé diffèrent donc fortement selon la population étudiée et son alimentation originaire.

A éviter par précaution

Il est également important de supplémenter en Vitamine E, pour celles et ceux qui consomment, depuis longtemps, et en grande quantité, de la protéine de soja. Comme l’a montré une étude, trois semaines de consommation d’isolat de protéine de soja peut faire chuter le niveau de Vitamine E de 9,7 % (14)
Le soja, dans ses formes les plus traditionnelles, qui ne sont plus guère consommées, reste un aliment récent à l’échelle de l’évolution humaine. Dans ses formes les plus modernes, comme l’isolat de protéines de soja, c’est un produit industriel de masse, qu’on essaie de nous vendre comme un produit sain. Nous reprendrons donc, pour finir, cette conclusion d’une étude de 2008 disant que, dans l’ensemble, les données existantes sont contradictoires ou insuffisantes pour soutenir la plupart des avantages de la protéine de soja sur la santé.(15)

Yves Patte

Journal of Neuroendocrinology. 2005 ; 17(1) :57-64 ; et European Journal of Obstetrics Gynecology and Reproductive Biology. 1999 ; 85 : 47–51.
Proceedings of the Society for Experimental Biology and Medicine. 1995 ; 208 : 40–43
British Journal of Nutrition. 2005 ; 94 (6) : 873–6.
Journal of Nutrition. 2002 ; 132 : 3577–3584.
Phytotherapy Research. 2003 ; 17 :845-869.
Journal of Animal Science, 1995 ; 73 : 1509–1515
Gastroenterology. 1987 ; 93(2) :225-33.
Journal of the American Medical Association. 2001. 15 ; vol. 286 (7) : 807-814.
Nutrition. 2011. 27(7-8) :859-62
(10) British Journal of Urology International. 2000 ; 85, 107-113.
(11) Acta Pathologica, Microbiologica et Immunologica Scandinavica. 2001 ; 109(3) :161-8)
(12) Journal of the Neurological Sciences. 2007 ; 262(1-2) :15-26.
(13) Thyroïd (16(3) :249-58)
(14) Journal of Nutritional Science and Vitaminology. 2001 ;47(4) :283-8.
(15) Journal of Nutrition. 2008 ; 138(6) :1244S-9S.

One Comment

  • lydie dit :

    Les Américains connaissent bien le sujet, largement étudié. Avec le recul, il est conseillé aux Occidentaux de ne manger que du soja fermenté. Pour les autres formes de soja, nous n’avons pas l’enzyme -dont je n’ai pas retenu le nom- que détiennent les Orientaux pour bien l’assimiler. Ceci nous ramène à la case départ : manger local, car c’est notre destinée.
    Question hormones, le soja est reconnu pour nuire à l’orientation sexuelle, ce qui pourrait expliquer la pagaille actuelle…

Leave a Reply